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INVITANGERweb

 

TANGER VILLE OUVERTE

Tanger, ville particulière, lieu de passages, lieu des passages. La géographie te fait une place face à l’Europe au bout de l’immense Afrique ou l’irrépressible naissance humaine a lieu. La dispersion qui suit passe par Tanger comme une eau turbulente par le lit d’un fleuve.

Tanger est un des lieux de ce flot millénaire.

Pourtant cet écoulement des débuts de l’homme est inaudible aujourd’hui, perdu comme les courants marins qui nourrissent la Méditerranée.

La mémoire des passages est dissimulée mais Tanger n’a pas disparu de ces récits et ces récits n’ont pas disparu de Tanger. Ils se sont noyés dans la profusion des récits suivants, effacés par les successives modernités et la désagrégation de l’ancien.
Supposons à présent un passant de Tanger. Prêtons-lui une sensibilité au monde de la mémoire. Osons même une nostalgie, un goût à déceler les traces minuscules de choses disparues, et aussi la conviction que ce qu’il ressent n’est qu’un écho de ce qui a déjà été ressenti. Qu’il n’est pas différent des autres hommes, même des tout premiers. Et qu’ainsi, dès lors qu’il obéit à ces sensations, il retrouve les vivants et les morts par leurs mémoires mêmes, qui se mêlent à la sienne. La structure en échos de cette âme appropriée se nourrit alors des plus insignifiantes traces comme un orpailleur dans le flot du quotidien.

Il (le passant de Tanger), passe le long de la falaise du quartier El Hâfa, puis se dirige vers la vieille ville.

Dés la porte de la Kasbah il croise les impacts imperceptibles et foisonnants des mémoires précédentes à la sienne. Le parcours depuis des millénaires est identique, qui conduit vers l’accès à la mer et le détroit mais visite la ville. Tanger qui s’est construite là, est bien plus qu’un port. La ville est la part d’un navire plus immense et plus ancien que ceux des phéniciens. Même ceux de la rue Es Siaghins ont embarqué, mais depuis si longtemps que tous les récits qu’ils croient improviser, sont anciens et profonds.

Cette ville semble ne pas avoir d’habitants mais un équipage planétaire chargé de l’accumulation des histoires et gardien d’un ordre poétique du monde. Il veille à l’équilibre entre ce qui doit être oublié et ce qui doit être retenu. D’ailleurs la cinémathèque, son écran restreint et l’ombre de sa salle sont une oasis propice aux réceptions de la mémoire. Elle protège l’esprit du paysage immense de Tanger.

La mer, sous le ciel défile. Au nord et en silence, l’Atlantique passe en Méditerranée comme autant d’âmes de la vie en Paradis. Les places des vivants sont, depuis toujours, retenues dans ce flot. Le passant poursuit sa route sans hâte. Les pas qui lui font gagner le port de commerce piétinent les pas précédents de ses frères inconnus. « Ô Frères passants, dans le minuscule de mon être, je sens votre présence puissante qui m’accompagne.

Chaque mur de Tanger a été sculpté par votre ombre légère et votre souffle fatigué a creusé ces ruelles. Où

êtes-vous ? Innombrables ? » La première goutte de pluie qui frappe ici la terre exhale à chaque fois le parfum d’une vie fugitive. « Où êtes-vous, porteurs de mémoires si peu chargés de bagages ? La goutte solaire de chacun de vos regards disparus est cette perle que les vagues de Méditerranée dérobent au soleil avant de déferler ». Leur ressac bruisse jusque dans les jardins de la Mendoubia comme l’écho de l’écho d’un coeur éloigné.

Jean-Claude Feuillarade 

Bios

Philippe FOURCADIER né le 13 Décembre 1953 à Tours. Il vit et travaille à Montpellier.
Initiation à la photographie lors d’un stage en Juin 1975, puis formation autodidacte. Son parcours s’est orienté principalement vers une démarche photographique où tout peut-être sujet suivant les circonstances rencontrées. Il développe depuis maintenant quelques années une approche sociale de la photographie d’où l’intérêt porté à des thématiques comme les pères, les adolescents, les personnes âgées. En complément de l’image il intègre à celles-ci des témoignages audio ou écrits qui viennent renforcer le propos photographique.

Jean-Pierre LOUBAT, vit et travaille à Nîmes.
Depuis 2003 de nombreuses expositions personnelles à son actif, 
Les dernières en date
« Supports papiers  Surfaces Sensibles  » Chapelle des Jésuites Nîmes
« Longtemps je me suis couché de bonne heure » Galerie Deleuze Rochetin  Arpaillargues
« Tanger  la fugitive » Institut Français de Tanger « Galerie Delacroix »
De même, il réalise de nombreux livres d’artistes avec des auteurs et des plasticiens. 

Rachid OUETTASSI est né le 21 mai 1969 à Tanger où il vit et travaille.
Après une formation à l’atelier de photographie du Centre Culturel Français entre 1991-1992, il s’est spécialisé dans le reportage photographique. Membre de l’Association Marocaine d’Art Photographique depuis 2006, ses premières expositions datent de 2002 à la Galerie Delacroix - Institut Français de Tanger sur le patrimoine de sa ville natale. En 2003, il bénéficie d’une bourse pour la Cité Internationale des Arts à Paris.

 

Vernissage du mardi 14 janvier 2014, collège Diderot, Nîmes

 

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Tag(s) : #Nimes Valdegour